Lettre ouverte à Jean-Claude Gaudin, Maire de Marseille.
Par Marie-Arlette Carlotti
Monsieur le Maire,
Ce 5 novembre 2018, nous ne l’oublierons pas !
Il restera dans la mémoire collective des Marseillais comme l’un des jours les plus noirs de l’histoire de notre ville, au même titre que l’incendie des Nouvelles Galeries, le 28 octobre 1938.
Car les causes du drame de la rue d’Aubagne ne sont, ni les intempéries, ni le fait du hasard. C’est une catastrophe politique du mal-logement à Marseille.
Et pourtant ce ne sont pas les alertes qui ont manquées.
Vous ne pouvez pas, au fond de vous, penser que vous avez agit avec diligence, efficacité et transparence et que vous avez fait tout ce qu’il était possible de faire.
Alors sortez du déni et de la victimisation Monsieur le Maire, vous mettez les Marseillais en colère.
Au sein du Conseil Municipal, l’opposition – à laquelle vous laissez pourtant si peu de place- est prête à entendre vos appels au rassemblement et à faire des propositions constructives pour que de tels drames ne se reproduisent pas.
Mais vous n’aurez pas, pour autant notre absolution. Nous refusons de nous taire.
Nous sommes plusieurs à vous avoir déjà demandé un débat franc et constructif sur les mesures à prendre lors d’un Conseil Municipal dédié.
Il ne faut plus attendre, ce doit être le prochain. Nous y réclamons la participation des associations de solidarité, des citoyens et des riverains. Ecoutons-les, ils ont des choses à dire. Plus jamais nous ne pourrons élaborer des politiques publiques en faisant fi de leur parole.
Tous réclament la transparence, sur les conditions du relogement des sinistrés. Car les victimes de cette tragédie méritent des logements dignes correspondant à leurs attentes.
Et à chaque famille doit être garanti un droit de retour après réhabilitation/reconstruction de leur logement. Car nous n’accepterons en aucun cas qu’un tel drame soit l’occasion de chasser du Centre ville les familles modestes.
Il y a urgence d’éloigner des risques les personnes qui vivent encore aujourd’hui dans un logement frappé d’un arrêté de péril. Devant votre impuissance à les reloger alors qu’elles sont prioritaires, elles sont des centaines à être maintenues dans les lieux, contraintes de choisir entre un toit troué ou la rue ! L’insuffisance de logements sociaux aux loyers faibles est un frein au relogement des ménages habitant dans les logements insalubres.
Et vous aurez des comptes à rendre sur votre politique d’attribution des logements sociaux.
Enfin, malheureusement ce drame doit servir de leçon pour la mise en place d’un Plan massif de résorption de l’habitat insalubre ou indigne avec des objectifs, des délais et des moyens.
Pour mettre fin à l’inefficacité de vos services – et ne nous y trompons pas, ce ne sont pas les salariés qui sont en cause mais le manque de moyens et le morcellement des responsabilités – mettons en place un outil unique, Ville-Etat-Métropole-Citoyens : l’Observatoire de l’insalubrité. Des équipes pluridisciplinaires, Architectes, juristes, professionnels de santé, travailleurs sociaux, sous une autorité unique seraient chargées d’enregistrer les signalements, établir des priorités et mettre œuvre les actions.
Parce que la confiance est désormais rompue entre vous et de nombreux Marseillais, il vous faudra accepter de travailler sous la haute surveillance d’un Comité de suivi des citoyens. Sa mise en place est salutaire pour réhabiliter l’action politique que votre immobilisme a gravement entachée.
C’est terminé Monsieur le Maire, nous sommes au bout d’un système, celui de la fin de l’omerta du monde politique.
Marseille, le mardi 13 novembre 2018