Dans un exercice de campagne électorale ne disant pas son nom, Nicolas Sarkozy a décidé de présenter ses vœux à la culture à Marseille ce 24 janvier 2012.
Comme de coutumes depuis le début de l’année, une série d’invités triés sur le volet seront rassemblées dans un espace protégé par un dispositif de sécurité et une débauche de moyens. Une débauche toute aussi proportionnelle aux besoins criants que connaissent les populations des quartiers abandonnés de Marseille.
Passe encore sur cette démesure jamais vu sous la Veme République, c’est de culture qu’il s’agira.
Mais sur ce sujet qui touche à l’essence même de la démocratie parce que la culture est indissociable des libertés publiques, de l’ouverture aux autres, de justice, d’équité, nous ne pouvons qu’attendre avec curiosité et attention ce que Nicolas Sarkozy pense de ses cinq années passées à la tête du pouvoir.
De même, nous sommes impatients de découvrir le message qu’il délivrera aux artistes et aux créateurs dont l’indispensable capacité d’interpellation sera sans aucun doute tenue à l’écart d’un exercice aussi conventionnel qu’exaspérant.
Personne n’est dupe, tout sera anesthésié.
Nicolas Sarkozy lira un discours préparé pour quelques secondes de retransmission télévisée, et de nouveau il n’entendra rien.
Il n’entendra pas les libraires, les professionnels du livre, les organisateurs de manifestations voyant avec l’augmentation de la TVA, fondre des ressources déjà bien amoindries par les gels budgétaires.
Il n’entendra pas les centaines d’associations culturelles aujourd’hui dans l’impasse financière à cause de la suppression autoritaire de la taxe professionnelle qui assèche les collectivités locales, elles qui financent pourtant 80% de la vie culturelle.
Il n’entendra pas les voix clairvoyantes de tous ceux qui s’insurgent encore des méthodes de nominations des présidents de l’audio-visuel public ou des directeurs d’institutions culturelles nationales.
Il n’entendra pas les cris désespérés des intermittents du spectacle, des artistes contraints à la précarité.
Il n’entendra pas les jeunes à qui il avait promis l’abonnement à un quotidien, ou la carte musique, ou encore la gratuité des musées et qui n’ont eu en fait qu’HADOPI.
Il n’entendra pas les Marseillaises et les Marseillais.
Comme pour le reste, et pour reprendre un excellent article des Inrocks, « le bilan de la politique culturelle sarkoziste s’apparente à un naufrage ».
Alors pour 2012, souhaitons lui aussi le changement !