La ministre déléguée en charge des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion s’est exprimée à l’occasion des vœux aux forces vives, mardi 22 janvier 2013 au Ministère. Voici son intervention.
Mesdames, Messieurs les parlementaires,
Mesdames, Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs, les responsables associatifs
Mesdames, Messieurs,
Je tenais à vous réunir en ce tout début d’année pour vous remercier du travail accompli en 2012. Ce furent mes premiers contacts, mes premières rencontres, mes premiers chantiers. Ces chantiers je veux les mener jusqu’au bout. J’ai encore beaucoup à faire je le sais.
Je souhaite continuer à vous associer systématiquement au travail que j’engage pour les personnes handicapées et celles en situation de pauvreté.
J’ai souhaité vous réunir, vous, forces vives de la Nation, parce que je sais que sans vous, aucune action politique d’envergure n’est possible. On peut toujours ajuster tel ou tel dispositif, suggérer une nouvelle allocation du budget, mais les réformes de fond, celles qui véritablement vont changer la donne à moyen et à long terme, celles-ci seront le fruit de notre collaboration.
J’ai souhaité vous réunir, vous, acteurs des deux champs dont j’ai la responsabilité, parce que si je mesure évidemment tout ce qui distingue le handicap de la pauvreté, et la pauvreté du handicap, je voulais en ce début d’année, souligner, pour la première fois, ce qui nous rassemble.
En ce début d’année 2013, je formule le vœu que, ensemble, nous construisions une société plus solidaire, plus tolérante, et plus démocratique.
Une société plus solidaire, car la vie fait parfois que, de manière passagère ou plus durable, nous ayons particulièrement besoin des autres. La vie qui distribue avec un certain sens du tragique les moments de joie et les coups durs, met les personnes handicapées et les personnes démunies, dans une situation inhabituelle de dépendance. Répondre à cette dépendance nous honore. Répondre à cette dépendance, c’est rappeler que nous formons une seule et même communauté, celle qui fait l’identité et la grandeur de la nation française : la République. Cette communauté est par définition une communauté qui inclut. Quand elle y échoue, elle s’abîme et c’est la nation entière qui est dans le malaise.
Pour cette raison, les politiques de solidarité que nous menons ne sont pas des politiques de charité, de pitié, mais des politiques qui misent sur les capacités des personnes, quelle que soit leur condition. Il ne s’agit pas de « dédommager » tout en acceptant d’enfermer la personne dans un statut et dans une condition dont elle ne sortira jamais, mais de trouver à chaque fois, les leviers de son émancipation.
Une société plus tolérante, car nous devons reconnaître nos différences sans les craindre. Nous devons avoir la conscience à la fois que nous sommes unis, que nous sommes engagés par un même destin, et en même temps que la singularité de chacun doit être respectée et valorisée.
Je parle souvent de l’importance de changer de regard. Car les personnes handicapées comme les personnes démunies souffrent aussi de cela : du regard des autres, de leur malaise, ou de leur défiance face à l’altérité, face à ce qui semble étrange parce qu’étranger.
Changer de regard sur le handicap pour arrêter de l’appréhender exclusivement comme une carence ; voir que le handicap, c’est aussi et surtout un problème d’environnement et d’organisation de société. Et que par conséquent, nous sommes tous concernés, tous interpellés.
Changer de regard sur la pauvreté et voir que ceux qui en souffrent ne l’ont pas choisi, ne sont pas des profiteurs ou des fraudeurs, mais des personnes qui sont victimes d’une défaillance collective. Et que par conséquent, chacun est concerné. Nous devons y remédier collectivement, en prenant des décisions politiques qui vont dans le sens de plus de justice et de solidarité.
Une société plus démocratique enfin. Car je suis persuadée que la construction d’un monde commun, que la recherche de l’égalité, passe désormais par une plus grande attention à la parole de chacun. Je veux tant que possible dépasser les logiques de dispositif pour faire place aux parcours de vie, je veux tant que possible que la solidarité se conjugue à l’attention à autrui, à un accompagnement soucieux de la personne, de l’humain.
Et cela, j’en suis persuadée, passe par la prise en compte de la parole des usagers, des bénéficiaires, bref des personnes que les politiques publiques veulent aider. La participation des bénéficiaires de l’action sociale à la « Conférence Nationale de Lutte contre la Pauvreté » a été un véritable succès. Je veux m’appuyer sur cette expérience réussie pour concevoir et améliorer toutes les politiques publiques dont j’ai la charge.
Une démocratie renouvelée, c’est une démocratie qui sait dialoguer à tous les niveaux : au niveau national comme au niveau local, avec les élus et les représentants de l’Etat, avec les corps intermédiaires, les associations et les syndicats, et avec les citoyens, tous les citoyens.
Je ne veux pas être trop longue et vous assommer avec ma feuille de route. Nous aurons l’occasion d’y revenir avec précision dans des moments plus appropriés. Mais je veux vous dire que ces principes seront mis en œuvre concrètement dès 2013.
Hier, a été officiellement adopté le « Plan Pluriannuel Contre La Pauvreté et pour l’Inclusion Sociale », lors de la réunion du Comité Interministériel de Lutte contre l’Exclusion, réuni sous l’autorité du Premier Ministre, et qui n’avait plus été réuni depuis 2006. Pour faire reculer la pauvreté, nous allons agir sur tous les fronts : celui de l’accès aux droits, celui de l’emploi, celui du logement celui de la santé, celui de la famille et de l’éducation… A travers l’augmentation du RSA, à travers la « garantie jeunes », à travers le relèvement du plafond de la CMU-C, à travers le logement social, à travers l’accueil de la petite enfance… partout où nous pourrons faire reculer la pauvreté, nous le ferons.
Nous le devons car nous ne pouvons accepter que 14% de la population vivent en dessus du seuil de pauvreté.
Dans le domaine du handicap, le Premier Ministre a annoncé la tenue d’un « Comité Interministériel du Handicap ». Ce sera un rendez-vous majeur qui confirme la volonté du Gouvernement de traiter le handicap dans toutes ses dimensions.
J’attends dans les prochains jours le rapport de la sénatrice Madame Campion sur l’accessibilité. Elle remettra son rapport au Premier Ministre, et nous devrons prendre rapidement les décisions pragmatiques qui nous permettront de progresser d’ici l’échéance de 2015.
Je suis très attentive aux travaux du groupe de travail que nous avons mis en place dans le cadre de la Refondation de l’Ecole sur la professionnalisation de l’accompagnement des enfants en situation de handicap. J’ai la conviction que c’est un élément clé de l’accès de tous à l’école. Ces conclusions seront rendues au mois de mars.
Vous savez par ailleurs que nous allons lancer un 3è plan autisme. J’irai ce mois-ci rencontrer des professionnels belges et les autorités belges, afin de voir ce qui en Belgique fonctionne bien, pour nous inspirer des bonnes pratiques.
Sur tous ces chantiers, comme sur ceux que je n’ai pas détaillés, comme le travail en cours sur l’accès aux soins ou les avancées nécessaires en matière d’emploi ou de formation professionnelle, sur tous les chantiers je compte vraiment sur vous
Je compte sur les parlementaires, sur leur vigilance, comme sur leur esprit d’initiative, pour que le handicap continue à être systématiquement intégré dans nos lois, et que l’arsenal anti-pauvreté se mette rapidement en place.
Je compte sur les associations, sur leur engagement en toute indépendance, sur leur participation critique et constructive, pour que, ensemble, et par delà nos différences, nous réussissions en 2013 à sortir de la crise en restant unis et solidaires.
Seul le prononcé fait foi.