Depuis de nombreuses années, des élus, des responsables associatifs et des citoyens alertent le Maire de Marseille sur la situation du mal-logement, de l’habitat précaire ou indigne.
En témoignent les séances du Conseil Municipal.
Les problèmes ne peuvent y être abordés en toute sérénité, moins on en parle, mieux on se porte. Donneuse de leçon, mauvais esprit, aucune réponse sérieuse n’a été apportée à chacune de mes interventions comme à celles de mon collègue J-M Coppola. Le Maire de Marseille est dans le déni et ses adjoints sont incompétents. Les quelques uns qui voudraient se mobiliser sont bridés et tenus de se conformer à la stratégie globale du « circuler il n’y a rien à voir, rien à dire ».
Et pourtant !
Mai 2015 : Publication du Rapport de Christian Nicol, Directeur général de l‘administration centrale sur « La requalification du parc immobilier à Marseille » commandé par la Ministre du logement Sylvia Pinel. Le rapport contient un constat alarmant et des propositions (télécharger le rapport – 49 pages – pdf).
Mai 2015 : le Premier Ministre lance une mission de préfiguration pilotée par le Préfet qui devait rendre sa copie fin 2016. En 2017, un accord partenarial est signé entre le Préfet et la Métropole visant à la définition et à la mise en œuvre du traitement des copropriétés dégradées à Marseille.
En 2016, les associations du secteur de la solidarité tirent la sonnette d’alarme et signent un manifeste pour dire « NON ». Elles demandent à cette occasion un Conseil Municipal dédié à la lutte contre la précarité dans la ville avec la participation des acteurs associatifs.
La même année, un rapport de la Fondation Abbé Pierre fait le même constat que celui du rapport Nicol. Il est tout aussi alarmiste. L’étude sur l’insalubrité à Marseille y est extrêmement précise.
La même année encore, le HCLPD (Haut Comité pour le logement des personnes défavorisées) alerte sur le nombre exceptionnellement bas des ménages reconnus prioritaires pour un relogement dans le parc social. Il souligne le non respect de la Loi dans le Département des Bouches-du-Rhône ; sous utilisation des contingents réservés aux familles prioritaires et carence de logements sociaux accessibles aux foyers à faibles revenus (60% des demandes de logements sociaux).
1er avril 2016 : Lors de mon intervention en séance du Conseil Municipal sur les expulsions locatives et la mise en place de mesures de prévention, je demande une séance informelle du Conseil Municipal sur la situation du logement à Marseille
14 septembre 2016 : J’invite à Marseille la Ministre du Logement Emmanuelle Cosse pour rencontrer les associations sur la situation du logement et de l’hébergement. Toutes dénoncent la non prise en compte de leurs revendications dans l’élaboration des politiques publiques.
18 novembre 2016 : J’organise un débat citoyen à Marseille en présence de Christian Nicol afin d‘ échanger avec des associations de locataires et des copropriétaires autour du constat et des propositions contenues dans son rapport.
Mais c’est le Maire qui aurait du organiser une telle rencontre !
Décembre 2016 : J’interviens au Conseil municipal pour demander l’élaboration d’une stratégie engageant l’Etat et mobilisant le réseau associatif afin de donner un toit et une protection à tous les Marseillais et ainsi mettre en œuvre une politique du « logement pour tous ».
6 février 2017 : J’interviens au Conseil Municipal pour dénoncer le manque de volontarisme dont fait preuve la Ville de Marseille (ex : refus d’un ORCOD – Opération de Requalification des Copropriétés Dégradées – spécifique à Marseille, pourtant proposé par la Ministre du Logement Emmanuelle Cosse .
Je déplore la démission de la majorité municipale dans la lutte contre les marchants de sommeil et propose le permis de louer.
12 février 2018 : Le gouvernement lance sa politique du « logement d’abord ». La Ville de Marseille renonce par manque de moyen à participer à l’appel à projet et donc aux financements qui en découlent.
Je souligne, à cette occasion, la carence en matière de logements sociaux aux loyers accessibles pour les ménages aux revenus modestes.
Je réitère la demande d’un Conseil Municipal ayant pour seul objectif : faire reculer la pauvreté dans la ville.
22 juin 2018 : Remise d’un rapport de Marie-Arlette Carlotti et Jean-Marc Coppola, « Combattre le mal-logement à Marseille ». Nous y dénonçons la lenteur des réactions suite au rapport Nicol et la non prise en compte des propositions qu’il contenait. Nous avançons 10 propositions dont la lutte contre les marchands de sommeil (la nécessité de mesures coercitives à leur encontre et le permis de louer pour agir en amont).
22 juin 2018 : Demande des groupes de l’opposition d’une commission d’information sur le logement dégradé à Marseille tant dans le parc privé que dans le parc public.
Octobre 2018 : Publication d’une tribune sur le HuffingtonPost (Marie-Arlette Carlotti, Benoit Payan, Muriel Prisco, Yannick Ohanessian) pour dénoncer le mal-logement à Marseille et que soit mis fin à l’indifférence.
Je n’ai pu lister les nombreuses alertes des Fédérations (Fondation Abbé Pierre, Uriopss, FAS, EMMAUS …), des associations ou des travailleurs sociaux sur la situation du mal-logement à Marseille, ni les nombreuses interpellations de la part d’associations citoyennes et d’associations de riverains (Un centre ville pour tous ou le syndicat des quartiers populaires de Marseille). Toutes, connaissant la réalité du terrain et la situation des familles, ont produit rapports, alertes, interpellations en direction des responsables des autorités publiques.
Et nous apprenons depuis quelques jours qu’une note confidentielle de l’Agence régionale de santé (ARS) Provence-Alpes-Côte d’Azur, dévoilée dans le Monde (09/11/2018), relevait les manquements des services de la Mairie.
Aujourd’hui, j’enrage de n’avoir pu me faire davantage entendre.
Je ne concevrai plus que les actions municipales ne se fassent pas dans la transparence et avec la participation des citoyens.
Mareille, le 11 novembre 2018.
Marie-Arlette Carlotti.