Sur tous les grands chantiers de la ville, les Marseillais sont à l’initiative, bien plus que les pouvoirs publics. Marseille capitale européenne de la culture est tirée par les artistes et les citoyens curieux davantage que par la Mairie. Le projet de métropole est défendu par les chercheurs, les entrepreneurs, les habitants qui ont bien compris tout ce que ce projet avait d’utile pour leur avenir et celui de leur ville. Pendant ce temps, un grand nombre d’élus locaux s’inquiètent de ce qu’il adviendra de leur mandat, de leur pouvoir, et usent d’arguments spécieux pour éviter de prendre leurs responsabilités.
En ce moment, des chercheurs marseillais proposent pour la première fois un vaccin curatif contre le SIDA. Des années de recherche sont en passe de déboucher et d’offrir une solution alternative à la trithérapie. Il s’agit là d’une petite révolution. Et pourtant, de l’aveu même de ces chercheurs, leurs travaux auraient pu aboutir bien plus vite s’ils avaient été soutenus. Au lieu de cela, ce sont des investisseurs marseillais qui ont pallié la défaillance des institutions publiques, en sollicitant des particuliers.
Cet exemple remarquable ne suffit pas à masquer tous les dysfonctionnements de notre ville, le laisser-aller, les incivilités, les violences, les petits arrangements. Parce que de tout cela aussi, les Marseillais en sont capables.
Marseille a besoin des Marseillais. Marseille est à la croisée des chemins, et elle s’en sortira si les Marseillais en font le choix, s’ils font l’effort de donner le meilleur d’eux-mêmes et de renoncer à tout ce qui abîme leur ville, son image, et finalement notre capacité à vivre ensemble.
Évidemment, cette mobilisation des Marseillais, ce sursaut, doit se traduire politiquement. La ville ne peut pas rester en roue libre, sans gouvernance, ou avec une gouvernance discréditée. Mais là encore, tout dépend de la volonté des Marseillais : c’est eux qui choisissent leur classe politique ; c’est eux qui lui donneront une nouvelle légitimité.