A Marseille des jeunes et parfois même des ados de 15 ans continuent de tomber sous les balles des trafiquants de drogue et pourtant la police a renforcé comme jamais ses moyens de lutte contre les filières et les trafics organisés. Elle concentre ses efforts sur les cités dites sensibles et se coordonne avec l’autorité judiciaire pour qu’une réponse pénale, toujours plus répressive, soit apportée.
Et pourtant rien ne s’arrête, les quartiers vivent dans cette violence, les acheteurs s’y rendent en masse et le cannabis, notamment, fait vivre des centaines de personnes, prêtes à prendre tous les risques.
Opposer la police et la justice n’a pas de sens quand on sait que les trafiquants de drogue n’ont jamais été aussi nombreux dans nos prisons. Prôner des peines de prison à « deux chiffres » comme si tous les dealers avaient le même profil est une entorse grave à notre état de droit qui reconnait le principe de la personnalisation des peines. Vouloir réprimer davantage les consommateurs c’est absurde car rien ne les empêchera de se rendre sur les spots où ils peuvent se fournir, 7 jours sur 7, 24 h sur 24. Cibler les acheteurs ne fera pas davantage reculer la violence dans ces cités.
La surenchère répressive qui reste l’apanage de la politique française en matière de lutte contre le trafic de stupéfiants ne nous empêche pas d’être le pays d’Europe le plus gros consommateur.
D’autres pays ont su ouvrir ce débat, sous l’angle de la santé publique notamment et sont parvenus à d’autres solutions comme la dépénalisation ou la légalisation du cannabis. Il suffit de voir ce qu’il se passe au Portugal, en Belgique, aux Etats-Unis, par exemple.
Mais en France, il existe un non dit, un tabou regrettable dès que nous abordons ce sujet de société. Il est temps de regarder la réalité en face. Notre système ne marche pas, les trafics prospèrent, la violence et le crime organisés gagnent du terrain et cette politique répressive coute des centaines de millions sans répondre aux problèmes de fond qui sont générés par l’usage et la consommation de drogue.
Alors, parce qu’il y a encore eu trois morts de trop ce week-end à Marseille, le moment est venu d’en parler, démocratiquement, sans hypocrisie et sans risquer de se faire taxer de laxisme, car le vrai courage, c’est justement d’ouvrir ce débat.