Personne ne peut penser que la crise grecque est née d’aujourd’hui. Alexis TSIPRAS est au pouvoir depuis janvier et c’est depuis 2010 que de nombreuses « fautes » ont été commises par les gouvernements successifs qui n’ont pas su mettre en place une fiscalité digne de ce nom, moderniser leur économie, lutter contre la corruption…, dans un pays où 10% de la population détient 55% de la richesse nationale.
Le FMI et les institutions européennes ont aussi commis des « fautes » en imposant à la Grèce des politiques d’austérité trop sévères.
Ainsi, le traitement va accélérer la mort du malade. Les effets sociaux ont été dévastateurs.
On a trop joué avec l’idée qu’il y avait un bon élève, l’Allemagne, et un cancre, la Grèce, que l’un est gagnant, l’autre perdant.
C’est totalement faux, les chiffres le montre. Nous le savons, la situation est plus contrastée. L’Allemagne a profité économiquement du marché unique, de la construction de la zone euro, et même de la crise dans la zone euro grâce à l’instauration de taux d’intérêt négatifs. Et même si l’Allemagne devait perdre une part de la dette grecque, sa position hégémonique lui aura rapporté bien davantage.
Il en va de même pour la France, ainsi que pour tous les pays européens. La Grèce participe de la sécurité de notre continent au carrefour de l’Europe, du Moyen Orient et de la Méditerranée.
C’est le pays d’Europe le plus proche d’une zone qui concentre tant de crises, et c’est le pays qui accueille avec l’Italie la plus grande part de migrants de la Méditerranée.
La crise à laquelle nous assistons est certainement la plus aigüe que l’Europe est connue depuis 20 ans. Mais là encore, nous la voyons arriver depuis plusieurs années, repli sur soi, retour à l’égoïsme des Etats membres… Cette Europe où chacun met sur la table ses gains et ses pertes, ce n’est pas l’Europe telle que nous l’avions rêvée.
Aujourd’hui, par le référendum grec, le peuple reprend le dessus, et le retour à la démocratie n’est jamais une mauvaise chose.
En France, lors du référendum de 2005, le NON l’emporte avec 55%, et 3 ans plus tard on impose le traité européen sans repasser devant les Français. Il n’est jamais bon de ne pas respecter la démocratie.
En conséquence, plus personne aujourd’hui dans le débat politique ne se bat pour l’idée européenne, comme si constatant les défaillances de l’Europe nous nous étions résignés à ne pas la changer.
La crise grecque nous place à la croisée des chemins, avec comme seule perspective soit l’éclatement de l’UE, soit une nouvelle orientation.
L’Europe a un marché commun intégré, une monnaie unique, mais elle est déconnectée des peuples. Or, sans intégration sociale et fiscale, il sera impossible de maintenir l’esprit européen.
Que la crise actuelle nous amène donc à nous dépasser et à construire enfin une union politique à travers la mise ne place d’un gouvernement économique et social, faute de quoi cette crise en entrainera beaucoup d’autres.
Et de voir dans la crise grecque l’occasion de repenser l’Europe.
Être solidaire avec la Grèce, c’est donc non seulement soutenir son peuple, dont 1 habitant sur 3 vit sous le seuil de pauvreté, mais c’est aussi défendre les intérêts de tous les citoyens européens.