Quentin Tarantino, vient de signer un petit chef d’œuvre avec Django Unchained. Il parachève ce qu’il avait entrepris avec Inglorious Basterds : la maîtrise totale du film de genre – en l‘occurrence le western –, des plans impeccables, des dialogues ciselés, et surtout, un détournement subversif de l’Histoire. Après avoir réglé leur compte aux Nazis dans son précédent film, Tarantino offre cette fois-ci l’occasion à un esclave noir américain de s’émanciper et de se venger des exploiteurs racistes. La puissance de la fiction est au service d’une éthique humaniste ; la mise en scène, violente, invite à la lutte pour la liberté et l’égalité.
Samedi 2 février 2013, quelques dizaines de jeunes de la cité Air-Bel ont stoppé net un TGV devant leur cité. Ils ont semé la panique chez les passagers avant d’accueillir les forces de l’ordre avec des jets de pierres. Ceux qui ont été interpelés évoquent le tournage d’un clip de rap. On pense inévitablement à une scène de western et on se dit que Marseille est retombé presque trois siècles en arrière, en plein far west…
Là où Tarantino nous a offert une fiction sublime, une fiction qui nous inspire, ces jeunes Marseillais se sont fourvoyés, et n’ont donné à voir que la réalité de leur inconséquence et de leur mépris pour le vivre ensemble. Ils seront jugés pour cela car la République ne peut tolérer que ses règles soient bafouées et ces citoyens mis en danger.
Tenant cette position de fermeté, j’ai par ailleurs un regret : celui de constater que ces jeunes semblent incapables de produire une fiction. Cela en dit long sur leur imaginaire, sur leur enfermement mental. Ils ont l’impression de créer quand ils filment leur délit. Ce qui s’est passé avec ce train n’est qu’un « happy slapping » de grande ampleur, cette pratique lamentable qui consiste à filmer avec un téléphone portable une agression.
Face à ce regret, je formule un espoir : je veux convaincre les Marseillais, tous les Marseillais, de mettre leur énergie et leur intelligence au service de leur ville ; je veux que la créativité la plus débridée soit possible mais qu’elle serve la grandeur et la noblesse de Marseille ; je veux rassembler les Marseillais et avec eux, faire de Marseille une ville libérée, une ville déchaînée, mais une ville qui a une éthique, une ville qui sait se conduire. « Marseille unchained » en quelque sorte.