Samedi 20 juillet, j’ai retrouvé avec enthousiasme les militants de la cause homosexuelle à l’occasion de l’Europride. Certains responsables politiques ont décidé de s’y exprimer, généralement pour la première fois. J’ai préféré restée fidèle à mes habitudes en défilant à leurs côtés.
A tous ceux qui se reconnaissent dans ce combat pour l’égalité des droits, je tenais à adresser ces quelques mots.
Aujourd’hui est une journée joyeuse, une journée festive. Mais aujourd’hui est surtout une journée de fierté.
Marseille est fière de vous accueillir. Elle est fière parce qu’en vous accueillant, Marseille est en harmonie avec elle-même. En vous accueillant, Marseille affirme haut et fort son identité : celle d’une ville cosmopolite, celle d’une ville ouverte sur le monde, celle d’une ville soucieuse de respect et d’égalité.
Car c’est bien cela que nous célébrons aujourd’hui : la marche du respect et de l’égalité, qui avancent partout en Europe, dans les cœurs, dans les esprits, et aussi dans nos lois !
Hier en Angleterre, avant-hier en France, notre droit s’est mis en conformité avec nos aspirations les plus profondes à l’égalité et à la liberté de vivre heureux sans vivre caché !
Deux grandes nations, deux grandes démocraties, ont associé leur voix à celle du Pays-Bas, de la Belgique, de l’Espagne, de la Norvège, de la Suède, du Portugal pour ensemble clamer : nous sommes différents mais nous sommes égaux !
Nous avons les uns et les autres, le droit d’exprimer pareillement notre amour. Car l’ouverture du mariage aux couples homosexuels, c’est cela : c’est la possibilité donnée à tous de dire publiquement, et devant les autorités de leur pays : je t’aime ! Nous nous aimons !
Les débats qui ont conduit à cette loi ont été en France très animés. Je le comprends.
Je comprends que des personnes se soient senties déstabilisées dans leur certitudes car cette loi n’était pas une petite loi, une loi anecdotique : elle est une grande loi ! Une loi qui marquera l’histoire de notre pays, de notre République, comme des lois identiques ont marqué l’histoire d’autres nations d’Europe.
Je comprends que cette loi ait bousculé les esprits car elle touche à tellement de sujets fondamentaux : l’amour, la sexualité, la famille. C’est le cœur du cœur de notre organisation sociale.
Il était nécessaire, malgré les divergences, de conduire cette réforme jusqu’au bout. C’est fait !
Maintenant, la responsabilité de tous ceux qui veulent lutter contre les discriminations faites aux personnes homosexuelles, c’est de ne pas réactiver les clivages, mais au contraire de trouver les mots de l’apaisement.
C’est dur ! Nous sommes confrontés à des réactions de violence, d’intolérance, de rejet. Nous devons les condamner avec la plus grande fermeté.
Mais aussi trouver la sagesse de ne pas faire d’amalgame. Nous devons être capables de discernement pour voir que certains opposants à l’égalité devant le mariage ont manifesté leurs convictions, ou peut-être simplement leurs doutes, sans haine.
C’est à ceux-là que nous devons adresser ces mots d’apaisement.
Nous devons leur dire avec force : nous respectons l’institution de la famille. Et c’est justement parce que nous la respectons que nous avons défendu cette loi !
Car la famille, comme toutes les institutions, peut-être même davantage, n’est pas figée, elle est en mouvement.
Tout le monde le sait, tout le monde le voit et le vit : la plus grande égalité entre les femmes et les hommes n’a pas tué la famille, au contraire !
La plus grande attention apportée à l’enfant n’a pas tué la famille, au contraire ! Et la possibilité pour les couples homosexuels de se marier, ne tuera pas la famille, au contraire !
La famille bouge ! La famille évolue avec son temps. C’est pour cela qu’elle est une valeur plébiscitée dans toute l’Europe !
Nous devons dire avec force ce que chacun sait ou sent : que la forme de la famille importe peu, que c’est la manière d’être ensemble qui compte aujourd’hui. C’est-à-dire l’amour, l’attention à l’autre, le partage, l’entraide, la transmission : voilà ce qu’est la famille aujourd’hui !
Et ces valeurs n’ont pas de sexe, ni de sexualité ! Elles peuvent être également celles de femmes et d’hommes, hétérosexuels et homosexuels. Des femmes et des hommes qui sont liés par le sang ou pas. Qu’est-ce que la biologie devant l’amour ?
Nous vivons au milieu des familles recomposées, des parents qui adoptent, de ceux qui ont besoin de l’aide de la médecine parce que le sort en a décidé ainsi, et cette diversité de familles n’a pas mis à bas l’aspiration profonde, universelle, intime de vivre avec la personne que l’on aime et de fonder une famille.
Nous devons dire avec force que ce n’est pas un hasard si nous sommes réunis aujourd’hui sur le quai de la fraternité ! Nous sommes ici parce que nous sommes mus uniquement par des valeurs positives, les valeurs de la République en France, mais des valeurs qui font aussi la grandeur des autres nations européennes.
Alors, par-delà nos habitudes, par-delà nos réflexes, faisons preuve de fraternité et de respect. Si nous voulons une société soudée, une société forte, une société fière de ses valeurs, abandonnons la peur et montrons nos sentiments les plus nobles. Soyons fiers ! Be proud !