En matière de logement, nous vivons à Marseille, une situation particulièrement tendue, nous le savons tous :
- 38 000 foyers attendent un logement social depuis des mois, certains depuis des années ;
- 25% des ménages ont des difficultés pour payer leur loyer (contre 17% en France) ;
- 4529 jugements d’expulsion sur le territoire de notre Métropole ;
- 40 000 logements insalubres ou indignes mettant en danger un Marseillais sur 8 ;
- 12 000 à 15 personnes vivent dans la rue (pour 25 000 à Paris) parce que Sans Domicile Fixe. C’est un triste constat ! Mais pour vous : « Tout va très bien Madame la Marquise ! »
Ce rapport que vous nous présentez en Conseil municipal ne dit rien et ne répond en rien aux préoccupations des Marseillais.
1) En matière de lutte contre le logement indigne, vous faites preuve d’un manque de volontarisme flagrant. Vous avez mis en place, il y a quelques années, « un Plan d’éradication de l’Habitat indigne » qui a été d’une grande inefficacité comme l’a montré le rapport de Christian NICOL qui a ciblé 40 0000 logements indignes à Marseille. Il a fait un travail précis en listant les quartiers concernés, que ce soit dans le bâti ancien du centre-ville ou dans les copropriétés des années 60/70 des quartiers Nord de Marseille. Nous attendions donc des propositions d’actions concrètes : nous avons des mots creux ! Pire encore, aujourd’hui la Loi ALUR propose de nouveaux outils, et vous les refusez ! Un exemple : « L’Opération de Requalification des Copropriétés Dégradées » : l’ORCOD, un nom barbare mais un outil efficace. L’ORCOD peut être classé d’intérêt national, par décret en Conseil d’Etat, lorsque les problèmes à résoudre sur un territoire sont complexes et nécessitent un investissement financier lourd. C’est bien notre cas à Marseille ?! Et bien, le cabinet de la Ministre du Logement, Emmanuelle COSSE, a proposé au Président de l’EPF-PACA une aide financière pour la mise en place d’une ORCOD, spécifique ici, pour répondre à nos préoccupations. Le Président l’a refusé et ne l’a même pas soumis à son Conseil d’administration ! Pourquoi refuser une main tendue ? Pourquoi refuser un outil et des financements qui nous permettraient de lutter avec plus d’efficacité contre l’habitat indigne ? C’est incompréhensible !
2) Il en est de même lorsqu’il s’agit de lutter contre les marchands de sommeil. On ne peut pas tolérer que des marchands de sommeil profitent de la misère pour s’enrichir : c’est un gros problème à Marseille ! Le Décret sur le Permis de louer est sorti pour lutter contre les marchands de sommeil. Il permet de réaliser des contrôles pour vérifier la bonne qualité des logements qui seront mis en location, dans les secteurs ciblés. S’il y a une ville où le Permis de Louer est indispensable, c’est bien à Marseille ! Là encore, pas d’engouement pour le mettre en œuvre : pourquoi ? Vous avez peur de quoi ? Des professionnels de l’immobilier qui ont poussé des cris d’orfraie lorsqu’ils ont entendu parler du Permis de Louer ? Nous, nous sommes pour le permis de louer car nous avons choisi notre camp : celui de milliers de Marseillais qui ont du mal à se loger.
3) Et puisque je parle des professionnels de l’immobilier : quand allons-nous combattre avec force les discriminations dans les dossiers de location que pratiquent en toute impunité certaines agences immobilières ?
4) Rien sur l’encadrement des loyers. En 10 ans (1997-2007) les revenus des Marseillais ont augmenté de 10% alors que les loyers, tous types de logements confondus, ont augmenté de 45%. A Marseille, les locataires du parc privé sont plus modestes qu’à l’échelle nationale. Plus de la moitié des ménages aux ressources les plus faibles sont logés dans le parc privé. Un parc privé qui n’est soumis à aucun contrôle ! L’encadrement des loyers est déjà mis en œuvre à Paris, à Lille, à Grenoble… Ici rien ! On n’y réfléchi même pas ! Cela ne vous traverse pas l’esprit qu’il faudrait intervenir sur le marché privé pour garantir des nivaux de loyers accessibles à tous, compatible avec tous les niveaux de revenus.
5) Vous ne proposez rien pour limiter les expulsions locatives : et pourtant c’est un fléau à Marseille ! Nous savons que, chaque année à la fin de la trêve hivernale, des centaines de familles marseillaises sont expulsées. L’année dernière, parmi les 4000 expulsions prononcées, 439 ont été expulsées avec l’intervention des forces de l’ordre. Ce sont 439 familles, hommes, femmes, enfants, qui ont vécu des drames familiaux !
Notre groupe a déjà demandé, ici même, la création d’une Commission locale des impayés afin de faire de la prévention et de trouver, le plus tôt possible, une solution adaptée à chaque signalement dans l’intérêt du locataire en difficulté, et du petit propriétaire qui a besoin de ce loyer comme complément de revenu. Aubagne l’a fait ! Une CCAPEX spécifique à Marseille, en quelque sorte. Il en existe une au niveau départemental mais elle est saturée car les signalements ont explosé. Que vous ne répondiez pas à l’opposition, nous en avons l’habitude. Mais vous ne répondez pas non plus à ces 25% de familles qui, dans notre ville, sont en difficulté. Pourtant, je rappelle que plus on préviendra les impayés, moins on aura de personnes qui se retrouvent à la rue, et ils sont entre 12 000 et 15 000 qui vivent dans les rues de Marseille !
6) Nous sortons d’un scandale, celui de l’UHU de la Madrague. Je veux donc évoquer un problème ! Nous sortons d’un scandale, celui de la mauvaise gestion de l’UHU de la Madrague, ce n’est pas pour rentrer dans un autre, celui du SAMU Social. Une enquête préliminaire a été ouverte par le Parquet de Marseille portant sur des faits supposés d’emplois fictifs. La presse locale et nationale en a déjà fait état. Nous aimerions que Monsieur Xavier Mery nous donne des explications sur ce sujet.
Quand au rapport 81, il est tellement vide, et le budget de 14 millions sur 300 millions d’euros est tellement dérisoire, que nous ne pouvons même pas voter Contre !
Nous nous abstiendrons.
Marie-Arlette CARLOTTI