L’année 2015 a été marquée par des attentats barbares qui ont bouleversé la France.
Les français, quelles que soient leurs opinions, leur origine, ont unanimement condamné ces actes terroristes.
Face à ces crimes odieux et lâches, ils ont fait corps avec le Président de la République.
La représentation nationale, applaudissant debout le chef de l’Etat à Versailles, en fut le symbole.
Quelques semaines après, s’est engagé un débat long, complexe et clivant sur la déchéance de nationalité pour les terroristes condamnés.
Tout le monde s’accordait à dire que la mesure avait plus de valeur de symbole qu’une efficacité réelle. Mais c’est justement parce qu’elle manie les symboles et qu’elle représente à mes yeux une rupture dans le pacte républicain que je me suis prononcée contre.
Il n’était pas question pour moi de rompre le principe d’égalité ni de toucher au droit du sol. Je considère que la nationalité n’est pas détachable de la personnalité. On ne peut donc la retirer à un individu aussi barbare soit-il. La France engendre aussi ses monstres. Les pays voisins ne sont pas des pays poubelles.
Il s’agissait de plus de modifier la Constitution, c’est-à-dire de graver dans le marbre cette déchéance de nationalité. Donc de prendre le risque que dans plusieurs années, d’autres majorités puissent, par une simple loi, durcir la mesure.
Accepter cette part de risque comme gage de l’unité nationale m’était impossible.
Enfin au moment de voter j’ai pensé à tous mes concitoyens français binationaux, très nombreux à Marseille, qui se sont sentis stigmatisés par ce débat. Je n’ai pas voulu leur donner un signe négatif mais un geste de fraternité.
En revanche, j’ai approuvé la proposition d’inscrire l’Etat d’Urgence dans la Constitution. Un vote sans état d’âme sur ce point car je pense que cette mesure répond à une exigence de fermeté et de clarification et qu’elle permettra au final, sous le contrôle du Parlement, de mieux encadrer l’Etat d’Urgence.
Je reste fidèle au Président de la République qui a pleinement incarné l’autorité de sa fonction dans ces périodes dramatiques. Il a su trouver les mots et prendre les dispositions pour unir et protéger les français. Je continuerai à le soutenir et à soutenir mon parti, comme je l’ai toujours fait. Mais sur une loi qui interroge au plus profond ma conscience républicaine, je n’ai pas voulu trahir mes convictions et je revendique cette liberté.
Dans un vote aussi solennel que celui-ci nos concitoyens ont besoin de positions claires et courageuses. Et même si tous ne partagent pas mon choix, ils savent au moins où je me situe.
Désormais revenons aux préoccupations quotidiennes des français. A Marseille des écoles abandonnées, 400 000 logements insalubres, un centre ville qui se meurt, une métropole qui a du mal à émerger…Ce sont ces combats là que les Marseillais veulent nous voir mener.