Au moment où la presse indépendante marseillaise est menacée de disparaître, nous avons décidé de ne pas rester silencieux.
Pour nous, la presse est un secteur stratégique, tant au niveau de la liberté d’expression, de l’information de nos concitoyens et de la vie démocratique, que sur le plan du développement économique.
On peut mesurer la vitalité d’un territoire à la vitalité et la diversité de sa presse.
La presse est confrontée aujourd’hui à une mutation économique et technologique sans précédent :
- La transition de l’imprimé vers le numérique (qui remet en cause le modèle papier sans le faire disparaître),
- L’érosion et le vieillissement du lectorat,
- L’effondrement des ventes,
- L’effondrement des autres recettes telles que la publicité ou les annonces,
- La réduction régulière de nombreux points de vente,
- Sans compter la perte de confiance du public dans les médias (comme le révèle de nombreux sondages).
Comme vous, je souffre de voir certains titres en difficultés, particulièrement ici dans ma ville, dans mon département, dans ma région.
Faisons une courte rétrospective.
Quand Clémenceau était Député du Var, le département disposait de 7 quotidiens.
Désormais, le journal Var Matin est le seul à assurer l’information du citoyen varois et à relayer auprès de lui les termes du débat local.
Nous ne sommes pas obligés de remonter à Clémenceau, ni d’aller voir ce qui se passe dans le Var. On peut tout simplement retracer un court historique des Bouches-du-Rhône (Le Méridional, le Provencal, Le Soir et La Marseillaise).
Et partout c’est la même chose.
Ces exemples ne sont pas isolés puisqu’aujourd’hui, dans presque tous les départements, la PQR connaît une situation de monopole.
Le mérite de l’organe « survivant» est aussi grand que sa responsabilité.
Sans concurrence, sans comparaison, ce qui est écrit dans ses colonnes apparaît souvent aux lecteurs-citoyens comme la vérité, puisqu’il n’y en a plus qu’une.
La seule vérité !
La PQR a tendance à devenir plus conformiste, plus légitimiste.
Soutenir la PQR, c’est lui garantir sa liberté et l’aider quand elle va mal, avant qu’elle aille mal.
C’est l’objet de nos propositions : en forme d’appel, en forme de cri, pour qu’elles soient reprises et relayées.
Nous appelons les élus, les responsables des collectivités locales à mener une réflexion urgente sur les moyens de promouvoir l’indépendance et la pluralité de la presse locale d’information.
Pour cela, nous apportons 3 propositions :
- Limiter toute relation incestueuse entre le pouvoir local et la presse, en exigeant la transparence.
Il faut le rappeler : la liberté d’expression et d’information dérange.
Elle n’a rien d’une évidence, et en cela elle est fragile.
La liberté de la presse n’est jamais un acquis : elle est un combat perpétuel.
Un combat pour la liberté des journalistes en France et dans le Monde.
Un combat pour l’exigence, la qualité, l’éthique.
Un combat contre toutes les tentations, plus ou moins avouées, plus ou moins appuyées, plus ou moins subtiles, de ceux qui, à travers les âges, ont voulu mettre l’information sous coupe réglée.
Certains responsables des collectivités locales n’hésitent pas à utiliser aujourd’hui encore les annonces légales et la publicité commerciale, qui peuvent peser lourd dans l’équilibre budgétaire d’un organe de presse, pour exercer des moyens de pression.
Face à ça, nous proposons la transparence. Afin que les collectivités locales soient amenées à déclarer régulièrement le montant des budgets publicitaires attribués et les médias qui en bénéficient.
- Créer une Pépinière de presse (ou un incubateur).
Ce que nous proposons, c’est que les institutions publiques locales proposent à la presse indépendante locale les même types de soutiens qui sont aujourd’hui proposés aux start-up ou aux entreprises innovantes (m2 disponibles ou loyers préférentiels logistique, mutualisation d’équipements, etc…).
Il ne s’agit pas de déresponsabiliser les médias ou de les inféoder. Seulement de les accompagner.
- Créer un Fonds de soutien régional, à l’instar de ce que fait l’Etat « Fonds d’aide aux quotidiens locaux à faibles ressources et petites annonces », « Fonds d’aide à la presse hebdomadaire régionale ».
Certes l’Etat aide, l’Etat régule, il subventionne, légifère. Par exemple la proposition de « loi portant diverses dispositions tendant à la modernisation du secteur de la presse » qui dans son titre III instaure un nouveau statut d’entreprise citoyenne de presse.
Mais aider la presse au niveau national ne permet pas toujours la survie de la presse dans nos territoires.
C’est pourquoi nous sollicitons les responsables des collectivités locales afin qu’ils créent un Fonds de soutien attribuant des aides financières ponctuelles ou se portant garant auprès des banques.
Un fonds dont la composition garantirait l’indépendance de la presse.
L’information est un bien public qui justifie le soutien de l’Etat et des collectivités locales.
Il n’est pas acceptable que les élus de notre territoire laissent faire, laissent aller.
Nous appelons donc tous les élus qui comme nous veulent sauver la presse indépendante locale à réagir !
Je ne sais si nos propositions sont les bonnes ? Peut-être y-en-a-t-il d’autres à inventer ? Surement même !
Mobilisons-nous, innovons, ensemble, pour faire vivre la presse indépendante marseillaise !